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Le lieutenant-colonel Stéphane Alma, 43 ans, est pilote d’essai expérimental avion à la Direction générale de l’armement Essais en vol, ainsi que directeur de l’École du personnel navigant d’essai et de réception (EPNER).

Stéphane Alma s’intéresse à l’aéronautique dès son adolescence. Son choix d’orientation mûrit tranquillement : ce sera l’armée, mais aussi les avions, donc l’armée de l’Air. En 1998, après une classe préparatoire aux grandes écoles, il se présente avec succès au concours de l’École de l’air. En septembre, il intègre Salon-de-Provence pour suivre la formation miliaire initiale et devenir officier. Ensuite, c’est la formation de pilote, puis il se spécialise dans la chasse. Stéphane est officiellement pilote de chasse en 2003 et entame sa carrière opérationnelle sur Mirage 2000N qui durera jusqu’en 2010. Il sera par la suite affecté à l’état-major. En 2013, Stéphane entre à l’École du personnel navigant d’essai et de réception (EPNER) comme stagiaire : « Je voulais aller plus loin, élargir mon spectre de connaissances aéronautiques tout en continuant à voler dans un environnement différent. Le monde des essais participe à la montée en puissance des capacités opérationnelles des forces, c’est le milieu des premières fois, que ce soit pour les vols d’ouverture de domaine des avions, les mises au point des nouveaux équipements ou leurs évolutions. »

Être capable de tout piloter

Débute alors une formation intense qui durera dix mois. Elle comprend une phase théorique avec des travaux pratiques (mécanique du vol, aérodynamisme, propulsion, techniques d’essais en vol, etc.) et une phase de mise en pratique. Stéphane va voler sur près de vingt-cinq types d’avion, du planeur à l’A330. C’est une expérience unique qui s’accompagne d’une densité de travail également conséquente. Le but ultime d’un pilote d’essai est de faire voler un prototype, il doit donc se familiariser avec toutes les typologies d’avions – ou d’hélicoptères. « C’est un métier où l’on raisonne beaucoup par analogie. » En juillet 2014, Stéphane rejoint la division Personnel navigant de la Direction générale de l’armement sur la base d’Istres comme pilote d’essai expérimental avion. Un programme d’essais implique un important travail d’équipe en amont, avec des ingénieurs et des techniciens, et le pilote qui participe activement. Arrive alors la phase d’essais. Chaque vol se déroule selon un programme bien précis et fait l’objet d’un compte rendu minutieux. Il est demandé au pilote de savoir dialoguer, réfléchir, identifier et anticiper les problèmes, car il est également force de proposition. « Aucun vol ne se ressemble. En théorie, tout doit bien se passer, mais il arrive parfois que tout ne se déroule pas comme prévu, aussi bien dans l’enchaînement du vol lui-même que dans les résultats obtenus. Il peut y avoir des surprises dans les consommations, les performances des systèmes ou la qualité intrinsèque des équipements. Par surprise, on entend tout écart par rapport à ce qui avait été théoriquement envisagé. » Si le métier reste risqué, il a énormément gagné en sécurité ces dernières décennies, grâce à la modélisation notamment et aux retours d’expérience, les éjections sont devenues rarissimes.

portrait pilote essai 2

Toujours voler

En 2016, Stéphane devient chef de la division Personnel navigant du site d’Istres. Elle est constituée d’environ vingt-cinq personnes : pilotes d’avion, d’hélicoptère et mécaniciens navigants d’essai. Ses fonctions mêlent à la fois l’opérationnel – il continue de voler –, les ressources humaines et les connaissances techniques. En plus de manager le personnel, il s’assure, à travers les programmes d’essais, que les vols se dérouleront dans les meilleures conditions de sécurité possible. En 2019, retour à l’EPNER où on lui propose un poste de chef instructeur. C’est à nouveau une remise en question. Il ne s’agit plus ici de se remettre aux maths et à la physique, mais de former la nouvelle génération de pilotes, c’est une responsabilité supplémentaire. Fort de son expérience, Stéphane va parfois renforcer les équipes navigantes en réalisant certains vols d’essai. Fin 2020, la place de directeur de l’école se libère. C’est un cycle, les instructeurs sont recrutés parmi les anciens élèves et le directeur parmi les navigants d’essais de l’armée de l’Air et de l’Espace (pilotes ou ingénieurs). Malgré ses responsabilités, Stéphane continue environ deux fois par semaine d’instruire et donc de voler…

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