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Frédéric Mateos, 38 ans, est superviseur d’avitaillement sur l’aéroport de Nîmes-Alès-Cévennes-Camargue (EDEIS), au dépôt rattaché à la base d’avions de la Sécurité civile.

Frédéric fait un bac STT ACC focalisé sur le marketing, mais il est encore indécis sur son futur métier. Deux ans plus tard, en 2005, il se rend dans un centre d’information et de recrutement des forces armées (CIRFA). En effet, l’idée de rejoindre l’armée lui trottait dans la tête depuis quelque temps. Il choisit le Service des essences des armées et il est envoyé sur la base pétrolière interarmées de Chalon-sur-Saône. Sa formation va durer un an, car en plus d’apprendre le métier d’avitailleur, il devient aussi militaire et doit passer un certain nombre de qualifications à l’instar des permis poids lourd ou le transport de matières dangereuses. Frédéric ne va pas tout de suite mettre en application ce qu’il a appris, en l’absence de poste disponible. Il va donc effectuer des tâches administratives au sein du bureau des ressources humaines de Chalon jusqu’en 2009. Il est alors muté sur la base aérienne d’Orange où il va enfin faire de l’avitaillement, essentiellement de Mirage 2000, mais il aura l’occasion d’approcher de nombreux autres types d’avions militaires. Plus que les pilotes, il côtoie les mécaniciens avion : « On leur fournit un service, ils nous donnent leurs consignes : quand faire le plein, combien de litres, etc. » Frédéric quitte l’armée en 2015. Il sait que ses compétences sont facilement transposables dans le civil, mais il a envie de voir autre chose.

Passage dans le civil

Frédéric se reconvertit comme plombier-chauffagiste et va installer des climatisations durant un an. Il va ensuite faire d’autres métiers, gardien d’immeuble par exemple, jusqu’à ce qu’une amie l’informe d’une opportunité : « La base d’avions de la Sécurité civile a déménagé de Marignane à Nîmes et l’aéroport recherche des avitailleurs : ce n’est pas un métier que tu connais ? » En mars 2017, il est embauché. Avitaillement au pistolet, « coupling » avec accrocheur, placement de sécurité par rapport à l’aéronef… Frédéric reprend très vite du service et son profil correspond d’autant plus au poste qu’il est exclusivement affecté aux avions de la Sécurité Civile : une grosse dizaine de Canadair, plusieurs Dash et des Bengale (King Air). Située à l’opposé des aérogares, de l’autre côté de la piste, cette base est opérationnelle. La tension est au plus fort l’été, au moment de la saison des feux (de juin à septembre) : « Il faut être réactif. Les avions font beaucoup de rotations, entre la surveillance et les interventions. À leur retour, il faut faire au plus vite le plein en faisant très attention à nos placements pour ne pas gêner un départ du parking. Quand un appareil se pose, il peut redécoller dans les trente minutes, voire moins. Nous travaillons donc parfois dans l’urgence : à nous de rester lucides durant toutes les manipulations. » Normalement, ils sont trois avitailleurs, avec des renforts importants l’été. Depuis 2020 et la crise COVID, ces renforts se font par du personnel de l’aéroport qui travaille à la piste ou à l’exploitation. L’hiver est réservé aux entraînements avec des mises en conditions opérationnelles. Une période moins stressante, mais également chargée.

Rigueur et autonomie

Frédéric est heureux d’avoir retrouvé les avions, d’autant que l’ambiance est davantage familiale. S’ils sont aussi au contact avec les mécaniciens, les pilotes sont plus accessibles. Il est superviseur d’avitaillement depuis 2018, avec donc des tâches supplémentaires comme la gestion des stocks de carburant. L’équipe a à sa disposition deux camions-citernes de 20 000 litres et trois cuves de 60 000 litres (investissements intégralement financés par EDEIS lors de l’implantation de la Sécurité civile à Nîmes) : « Ça part très vite lors de gros feu. » Un plein dure trois heures de vol, l’avion aura besoin de 3 000 litres de Jet A-1 à son retour : « L’avitailleur ne doit pas attendre que son camion soit vide pour se poser des questions. Ce métier exige aussi une certaine autonomie. » Plusieurs fois par jour, la qualité du produit est également contrôlée : absence d’eau, de saletés… Les conséquences pourraient être dramatiques. Pour Frédéric, apprendre le métier n’est pas compliqué en soi, mais il faut savoir se remettre un minimum en question, en plus d’être rigoureux. Cette activité est soumise à beaucoup de normes. Il arrive qu’il y ait des changements de procédures, de nouveaux gestes à apprendre. Aujourd’hui, Frédéric est heureux de prendre sa voiture le matin pour se rendre sur l’aéroport, d’autant qu’en avitaillant la Sécurité civile, il a le sentiment de travailler pour une bonne cause.