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Fabrice Dagorne, 49 ans, travaille dans les ateliers d’entretien et de restauration du musée de l’Air et de l’Espace en tant que responsable de son atelier de mécanique aéronautique.

Fabrice a réalisé toute sa première partie de carrière dans le bâtiment. En 2005, à 33 ans, il se retrouve au chômage. Il apprend dans le journal que la région finance des formations pour devenir mécanicien aéronautique. Cela tombe bien, il a toujours aimé l’aviation, arpentant les meetings dès qu’il le pouvait, lisant des journaux spécialisés, mais il a toujours imaginé ce secteur trop pointu… inaccessible. « En fait, il faut suivre son envie et tenter sa chance, même si c’est une remise en question. Cette formation, un CAP mécanicien aéronautique, moteurs à pistons et turbine, que j’ai faite avec le Centre école de maintenance aéronautique (CEMA) de Dinan, m’a fait découvrir un autre monde, passionnant. Plus j’avançais dans les enseignements, plus j’avais envie d’apprendre ! »

Cette formation va durer neuf mois, jusqu’en juin 2006 où il obtiendra son diplôme. Son dernier stage l’amène à intégrer durant un mois l’atelier du musée de l’Air et de l’Espace. Fabrice se souvient toujours avec affection de l’appareil sur lequel il avait travaillé à l’époque : un Douglas A-26 Invader, un bombardier d’attaque léger bimoteur fabriqué durant la Seconde Guerre mondiale. L’appareil avait fait son temps au sein du Centre des essais en vol avant d’être confié au musée pour sa retraite. Il a été décidé de le restaurer et de le peindre aux couleurs d’un exemplaire tombé en Indochine. Fabrice s’attelle à la tâche avec le reste de l’équipe, le démontage de l’avion et particulièrement du moteur (qui sera suivi du remontage à la fin des travaux). Car outre la nouvelle peinture, il s’agissait de le remettre aux standards Douglas.

Fabrice est proche de finir son stage quand il apprend le départ d’un mécanicien. Il saisit cette opportunité et postule. Entretien en août et il commence dès octobre comme contractuel, d’abord en CDD ; par la suite, il aura l’opportunité de passer un concours pour devenir fonctionnaire et d’évoluer comme chef d’équipe en mécanique. À ses débuts, il travaille sur un gros chantier : reconditionner les roues des avions situés sur le parking pour pouvoir les déplacer en toute sécurité en vue du salon international du Bourget.

Ces dernières années, Fabrice a eu comme cela plusieurs interventions importantes, c’est notamment le cas dès qu’un hall d’exposition est rénové. Il faut démonter les appareils, les déplacer, les nettoyer, les inspecter, les restaurer si besoin, puis les remonter dans leur nouvel espace. Cela peut conduire à quelques adaptations, par exemple pour gagner du poids afin de pouvoir suspendre une machine au plafond. Actuellement, il travaille sur un moteur Breguet Bugatti : nettoyage et réparation. Une tâche parfois complexifiée par l’ancienneté des aéronefs : certaines pièces détachées ne sont plus produites. Quand elles sont essentielles, notamment à la structure, et introuvables, il arrive au musée de les usiner. Car l’atelier est constitué d’une équipe aux compétences multiples : mécaniciens, menuisiers, chaudronniers, peintres, manutentionnaires, restaurateurs… Une quinzaine de personnes qui s’entraident sur chaque chantier.

Les appareils exposés ne sont pas destinés à revoler, mais ils sont maintenus dans l’état dans lequel ils sont arrivés au musée. Fabrice avoue qu’il peut être frustrant pour un mécanicien de ne pouvoir mettre en route un moteur, mais il pose les mains sur tellement d’aéronefs exceptionnels, c’est une belle compensation. À côté des chantiers, il y a les veilles sanitaires. Tous les lundis, Fabrice inspecte les machines exposées sur le parking qui sont les plus vulnérables car soumises aux intempéries. Si un dégât est repéré, il fait un rapport qui sera ensuite étudié en commission pour déterminer quelles seront les futures actions. Cette veille concerne aussi les appareils situés dans les halls : il arrive que des visiteurs un peu trop passionnés enjambent les barrières de protection pour prendre un selfie de plus près, générant parfois un dommage. Il faut tout inspecter, y compris les réserves. Cela permet de signaler toutes les dégradations et de suivre les collections du musée. Un boulot à plein temps et passionnant !